Il y a un mythe qui persiste et ce, au grand désarroi des parents ayant un seul enfant. On a souvent l’impression que ceux-ci deviendront inévitablement des enfants roi. Il est vrai qu’un enfant unique recevra plus d’attention de la part de ses parents qui ont nécessairement plus de temps à lui accorder. Recevoir de l’attention de la part de ses parents n’est pas négatif à moins que le parent tombe dans la surprotection. Alors, est-ce que l’enfant unique a plus de chance de devenir un enfant-roi? Pas nécessairement, mais le parent doit faire attention de ne pas tomber dans le piège de le considérer comme un troisième adulte dans la maison.

Comment devient-on enfant-roi?

Il s’agit donc d’un enfant pour lequel les limites n’ont pas bien été expliquées ou appliquées par les parents et qui croient par conséquent que tout lui est permis ou lui est dû. Le portrait-type de l’enfant-roi est un enfant qui se sent et veut être la personne la plus importante et, par le fait même, exige des autres toute leur attention. C’est celui qui fait souvent des crises pour des riens (parce qu’on ne répond pas immédiatement à ses exigences du moment) et qui s’opposent régulièrement à l’autorité (par des sanglots, des crises, de la colère, etc.).

Voici quelques caractéristiques ou comportements que l’on peut retrouver chez l’enfant-roi :

  • Possède un sentiment de contrôle ou d’importance (voire même de puissance).
  • « Exige » ce qu’il désire avec impatience.
  • N’aime pas se faire imposer des choses (accepte difficilement les consignes ou les règles, surtout celles qu’il n’aime pas!).
  • Difficulté à accepter les délais (n’aime pas se faire dire d’attendre).
  • Se frustre facilement (colère, crises, pleurs…).
  • N’aime pas partager l’attention de ses parents avec d’autres (adultes ou enfants).
  • Égocentrique et indifférent.
  • Manque de respect (impolitesse envers parents et adultes en général).
  • Refuse ou a beaucoup de difficulté à faire des compromis.
  • Veut toujours être le centre d’attraction.
  • Se sent au même niveau que les adultes (dans leurs interventions, se mêle souvent de leurs discussions…).

Contrairement à la majorité des enfants qui auront, à un moment ou l’autre de leur développement, certains de ces comportements (sur une base temporaire), l’enfant-roi aura une forte tendance à les reproduire quotidiennement au point qu’ils fassent partie de son mode de vie.

Les enfants qui développent ce profil sont souvent ceux à qui on donne tout sans retenue, ceux à qui on ne dit jamais non et qu’on laisse tout faire avec peu d’interventions ou sans conséquences. Bref, c’est une affaire de parent!! C’est le type d’éducation donnée à notre enfant qui peut faire en sorte qu’il devienne un enfant-roi. Voilà! La balle est lancée! Essayons maintenant de comprendre comment en arrive-t’ont là!

Alors qu’auparavant, les enfants devaient se faire progressivement une place dans la famille et la société, ceux-ci sont devenus, aujourd’hui, le centre d’intérêts principal. Ils sont maintenant perçus comme des personnes à part entière dont l’épanouissement mérite toute notre attention. Ce revirement est donc très positif en soi mais fait en sorte que l’éducation peut devenir un véritable défi pour les parents : Celui de faire la juste part entre l’éducation autoritaire d’autrefois et le désir de les voir s’épanouir à tout prix.

Il est à noter que le phénomène de l’enfant-roi se retrouve plus souvent dans les familles peu nombreuses et plus particulièrement chez l’enfant unique ou chez le premier de la famille. Ce dernier aura obtenu l’exclusivité de l’attention de ses parents qui leur donnent parfois tous les droits et les comblent de tout ce qu’ils désirent!

Comment corriger la situation?

  • Prise de conscience, en tant que parent, on doit réajuster notre façon d’éduquer notre enfant. C’est accepter le fait que l’imposition de règles implique parfois de devenir (temporairement) « impopulaire » aux yeux de notre enfant.
  • On se doit d’imposer des limites et on ne peut certainement pas laisser notre enfant faire tout ce qu’il veut. Ce travail nécessitera de la constance et de la patience.
  • On peut corriger peu à peu la situation en imposant progressivement des limites, des petits non, de petites interdictions, des règles qu’on pourra facilement gérer et faire respecter avec constance, à chaque fois. Il est évident qu’il est inutile de vouloir tout modifier d’un seul coup!
  • Commencez par faire respecter les règles de bases de la vie de famille, celles qui ne devront pas être sujets à discussions, celles qui sont non-négociables : Les comportements à la table, l’heure du coucher, la politesse envers les autres…
  • Établir un mode d’intervention : Indiquer clairement que le comportement n’est pas toléré, expliquer brièvement pourquoi et informer des conséquences qui l’attendent s’il ne veut pas suivre la consigne.
  • Le parent devra faire preuve de patience. Votre enfant risque de faire des crises au début. Souvenez-vous que céder pour avoir la paix c’est s’assurer que la prochaine fois sera encore plus difficile!
  • Il faut également faire preuve de fermeté et ne pas essayer de tout négocier. Il y a des moments où les parents n’ont pas à demander mais exiger plutôt.
  • Établir et maintenir une discipline c’est un travail de longue haleine et qui demande beaucoup d’énergie de la part des parents. Les résultats en valent par contre la peine et faciliteront notre tâche dans le futur.

Comment éduquer l’enfant unique pour éviter qu’il devienne un enfant –roi ?

  1. Lui apprendre à faire des compromis.
    L’enfant unique doit apprendre à faire des compromis. N’ayant ni frère, ni sœur, les parents devront lui apprendre qu’il ne peut pas toujours décider. Alors, lui interdire parfois d’être le maître de la télécommande est un bon apprentissage. À l’école, il devra apprendre à négocier et ses pairs n’accepteront pas toujours que ça soit lui qui décide.
  2. Susciter des occasions de socialisation
    La socialisation permet à notre enfant d’apprendre et d’intégrer les règles sociales de base : le partage, les résolutions de conflits, l’expression des émotions, attendre son tour etc. Il faut donc susciter ces occasions, garderie, prématernelle et inviter des amis à la maison.
  3. Développer son autonomie.
    Il serait facile de tomber dans le piège de tout faire pour lui. Votre enfant a besoin d’effectuer des tâches pour se prouver et vous prouver qu’il est grand. Il développera de cette façon une bonne estime de lui-même. Offrez-lui des responsabilités adaptés à son groupe d’âge et augmenter doucement d’année en année.
  4. Éviter de trop le stimuler
    Avoir un enfant unique c’est avoir beaucoup de temps pour s’en occuper. Même si cela comporte des avantages, il faut éviter d’en faire trop pour ne pas provoquer une forme de désintérêt et de fatigue chez l’enfant. Le danger est que votre enfant pourrait ressentir une forme de pression de performance et devenir anxieux dans le futur. Encourager le à jouer seul et prévoyez des périodes de jeux libres. Rien faire permet à votre enfant de développer une sphère très importante : La créativité!

Souvenez-vous que notre enfant unique ou pas est un être en construction et que notre rôle est de l’aider et le guider, un rôle parfois exigeant et ingrat mais qui nous revient en tant que parent.